Engagez-vous engagez-vous… mais en faveur de quoi ?

Lorsqu’on parle d’engagement en Église, il y a (au moins) deux dimensions : la dimension collective (où l’Église peut-elle ou doit-elle s’engager en tant qu’Église?) et la dimension individuelle (comme chrétien.ne, où suis-je appelé.e à m’engager?). Nous avons dans les différents numéros de cette année évoqué beaucoup le premier point, un peu moins le second avec lequel j’aimerais terminer cette année. Nous croulons les un.es et les autres sous les invitations à s’engager, dans et hors de l’Eglise (appels aux dons, aux différentes formes de bénévolats, signatures de pétitions, manifestation). Comment choisir, comment discerner, sans culpabiliser de ne pas être partout, ni se défausser de notre responsabilité ? A ces questions, il n’est – je crois – que des réponses personnelles et temporaires. Notre responsabilité n’est pas de trouver la réponse parfaite, mais de garder la réflexion ouverte et le chantier de notre engagement toujours en cours. Voici quelques traces de l’état de ma réflexion.

Un premier élément est la conscience que nous sommes toujours déjà engagé.es dans la vie, toujours déjà actif.ves dans la vie commune – c’est-à-dire dans la vie politique (au sens où la politique est la manière de discuter, d’élaborer et d’expérimenter la meilleure façon de vivre ensemble). Même quand nous pensons nous retirer du monde, nous participons d’une certaine manière à la vie commune, ne serait-ce qu’en manifestant que, pour nous, cette vie commune n’a pas lieu d’être, quelle qu’en soit la raison. Être chrétien.ne est en soi un acte politique, qui pose que l’autorité dernière sur nos vies est toujours celle du Christ. Nous constituer en assemblées ecclésiales, est aussi un acte politique (il n’est qu’à voir les questionnements sur la laïcité…).

Un deuxième élément est la conscience aiguë que notre engagement, quel qu’il soit n’est pas absolu, qu’il ne doit pas l’être, sinon il devient une idole… seul Dieu est Dieu ! Cela nous libère par rapport à nos engagements, nous permet un recul et une humilité très sains. Nous pouvons parfois faire fausse route dans nos engagements. Dans ce cas tâchons de reconnaître nos erreurs et de réparer ce qui peut l’être… Cette humilité aussi est un témoignage ! Par ailleurs, l’Evangile ne donne pas de recette ni de directive, il nous invite à nous engager et à réfléchir, à discerner. C’est ainsi que les chrétien.ne.s s’engagent sous de multiples formes, dans de multiples actions et mouvements. Cette diversité des engagements est un fruit de cette liberté en même temps que du double commandement d’amour.

Nos engagement ne visent pas à faire advenir le royaume de Dieu à toute force et à la place de Dieu (ce serait le meilleur moyen de faire advenir le pire…), encore moins à gagner l’estime de Dieu, mais simplement à vivre de ce qui nous nourrit. Selon nos histoires, nos élans, nos compétences et nos goûts, certains engagements nous semblent évidents, d’autres moins. A chacun, à chacune, de s’engager pour ce qui lui tient à cœur, non pas en se mettant en concurrence avec d’autres, mais en étant reconnaissant.e que d’autres s’engagent ailleurs, pour d’autres causes pour lesquelles ils et elles sentent un appel interne, un appel externe et des compétences – bref, une vocation ! Alors, où êtes-vous appelé.e.s à vous engager ?